Jeudis juridiques

Maxime Rivet

 

Âge : 27

Sexe : Homme

Nationalité : Canadienne

Établissement : IGA Brouillette et fils

Poste occupé : Assistant-gérant épicerie

Ancienneté : 10 ans

Ancienneté comme délégué : 2 ans

 

Qu'est-ce qui t'a donné le goût de devenir délégué?

Le plus honnêtement du monde, c'était parce que sans avoir une âme syndicaliste de nature, je voulais que ce rôle là, puisqu'il doit être rempli, au moins que ça soit bien fait. Quand le poste a été affiché, sans être présomptueux ou me prendre pour un autre, j'ai regardé les noms et je me suis dit que j'aimerais bien mettre mon nom par rapport à ceux qui avaient mis le leur. Quand j'ai mis mon nom, les autres ont enlevé le leur et j'ai été élu par acclamation.

Maintenant que tu es délégué, as-tu une perception différente de ce en quoi consiste le travail de délégué?

Oui. En fait, avant je voyais ça de l'extérieur, on pense souvent que c'est des gens qui s'obstinent avec le boss tout le temps, qui sont là seulement pour foutre la merde avec le boss, mais là c'est vraiment de faire valoir les droits, même que souvent les syndiqués eux-mêmes ne connaissent pas leurs droits. Je trouve qu'on est plus là pour informer les salariés avant toute chose.

Quel est l'aspect de ta fonction de délégué que tu apprécies le plus?

Essayer de résoudre des problèmes, juste en informant on résout assez souvent et rapidement. On peut résoudre de nombreuses situations juste en informant les salariés sur ses droits et puis à partir de là il est capable de faire le 3/4 du chemin de son côté.

À l'inverse, quel serait l'aspect que tu trouves le plus difficile?

Jouer au père (rires). Des fois les travailleurs veulent que le délégué fasse la job à leur place, ils ne veulent pas leur convention, mais ils veulent qu'on les défende malgré tout. Ils ne veulent pas être au courant, mais ils veulent être défendus pareil. Ça des fois ça vient me cherche un petit plus. Des personnes qui ne se renseignent pas ou qui ne se renseignent pas aux bonnes personnes et qui utilisent ces informations qui sont souvent erronées et qui viennent te voir. Ils pensent qu'ils connaissent leur droit parce que Pierre, Jean, Jacques leur a dit quelque chose, sans qu'ils aillent été validé dans leur convention, mais ils sont convaincus. Encore là, informer c'est bien, mais informer et s'obstiner, ça vient me chercher. C'est le même élément finalement qui peut être plaisant et difficile à la fois.

As-tu l'impression que tes collègues comprennent bien ton rôle de délégué?

J'espère que oui (rires). J'espère qu'ils savent qu'ils peuvent toujours venir me voir pour s'informer de leurs droits. Si certains sont hésitants, je ne pourrais pas dire, mais j'espère que oui qu'ils sont au courant des rôles.

J'aimerais te montrer la liste des rôles que nos avons identifié et que tu me dises selon toi celui qui est le plus important.

Au départ on est là pour renseigner les gens sur leurs droits, alors pour moi c'est le rôle le plus important.

J'aimerais aussi te montrer la liste des compétences et qualités recherchées chez un délégué et que tu me dises également quelle compétence ou qualité est la plus importante à ton avis.

Personnellement, sans même avoir à regarder, c'est certain qu'elle était là, c'est l'écoute. Être à l'écoute de ses syndiqués. Je regarde les 9-10 compétences, elles sont toutes bonnes, mais l'écoute c'est l'aspect #1. Si tu ne l'es écoute pas, ils ne viendront pas te parler.

À ton avis, quel est le meilleur levier pour impliquer les jeunes dans le mouvement syndical?

Ça, honnêtement, c'est un gros point d'interrogation. Premièrement de réussir à les intéresser au marché du travail, c'est énorme, alors en plus d'essayer de les impliquer dans la vie de leur établissement, pas juste au niveau du syndicalisme, mais aussi au niveau social, c'est déjà extrêmement difficile. Le jeune sans rien lui enlever, qui vient travailler juste pour l'été, n'a pas envie de s'impliquer pleinement dans la vie de son entreprise. Il voit ça comme un passage. Déjà en leur montrant leurs droits et leur convention collective et les avantages par rapport aux normes, habituellement ça commence à éclairer leurs lumières. Si j'ai le choix entre passer 6 mois où je suis bien au travail ou 6 mois d'enfer... le choix est facile!

Si tu avais à donner un argument à un de tes collègues de prendre ta place de délégué, quel serait-il?

Une question à 100,000$! Honnêtement, la satisfaction d'être capable de résoudre un problème sans chichi, juste en informant et en écoutant, hyper calmement. Dans sa tête le problème est désamorcé. Donc la satisfaction d'avoir résolu des problèmes de cette façon. Je pense que c'est l'aspect le plus positif du travail de délégué.

Si tu avais a évaluer ton expérience de déléguée jusqu'à maintenant, sur une échelle de 1 à 10, 10 étant exceptionnel, quel serait ton évaluation?

Moi je l'évaluerais au jour le jour (rires). Un gros huit. Je ne peux pas dire que j'atteins le nirvana quand je résous des problèmes, mais au final c'est assez satisfaisant.